vendredi 7 janvier 2011

A Louer



Devant l’église de Trinidad, une jeune fille était assise sur un banc avec sa maman. Fatigué, je me suis assis sur un autre banc non loin de là. Elles ''faisaient rien qu’à me regarder''. Alors j’ai engagé la conversation, moi, l’hispano-précaire, déblatérant d'affligeantes banalités de circonstance. La maman avenante me répondait, gracieuse. Je lui ai fait un compliment sur sa fille. Celle-ci semblait contrariée, elle avait le sourcil froncé et la mimique hostile. Plus loin, des copains – oui, on partageait le pain à table – qui étaient déjà passés par là, mimaient avec forces grimaces que la fille n’était pas amicale, qu’elle tirait la gueule. Je leur ai demandé si je pouvais les photographier vu qu’en voyage je ne suis qu’un œil et que mon appareil est en permanence greffé à ma main. La maman a dit oui, tandis que la fille fronçait un peu plus les sourcils. Elle avait une beauté rebelle, un peu sauvage. Mon vocabulaire d’espagnol épuisé, deux minutes plus tard, donc… je me suis levé et j’ai pris congé en leur serrant la main. J’ai rejoint mes copains qui m’ont dit :



- Alors ? Elles t’ont parlé ? Pétard, elle n’avait pas l’air commode, la fille… On voulait s’asseoir mais quand on a vu sa tête, comment elle nous regardait, on a préféré passer notre chemin…


- Si, en fait elle était très gentille… trop, même… quand je lui ai touché la main elle l’a serrée plus fort et j’ai entendu quelque chose comme :

Quieres compania esta noche ?


- Non… ? Sérieux ? Et alors… ?


- Alors… sa mère a ri.

14 commentaires:

el chulo a dit…

ce doit être ce qu'il convient de nommer une "mère maquerelle"!
ceci dit, j'ai aussi vu des "pères maquereaux" négociant peu discrètement des fillettes à de gros porcs roses et ventrus, bien de chez nous.
mamy nous disant que c'était très fréquent.
je pense que revenus au pays, ces vaillants explorateurs ont des idées très arrètées et morales sur un tas de choses.

Maja Lola a dit…

Tout est dit dans la photo de la jeune fille. Non, elle ne cherche pas à séduire par un sourire aguicheur ou une oeillade assassine, comme étrangère à toute sensation, désabusée et détachée.
Son "message" tactile et son invitation presque anodine auraient pas passer inaperçus ...
Triste. Et cette mère (maquerelle) qui, elle, sourit me fait froid dans le dos. Car ce n'est pas elle qui devra se vendre. Terrible ...
La misère est doublement cruelle : à la privation s'ajoute l'humiliation.

Anonyme a dit…

Et pour elle tu avais quoi? Un peigne, une crème hydratante, encore du savon?

isa du moun

Marc Delon a dit…

"je pense que revenus au pays, ces vaillants explorateurs ont des idées très arrètées et morales sur un tas de choses."
Tu veux dire : comme moi ...?

Ah, Isa, je me suis trompé : j'étais persuadé que ton commentaire serait :
"Heureusement que tu n'es qu'un oeil !"

Anonyme a dit…

Non non, tu n'es pas qu'un oeil!
Fumer, manger, écouter, boire... y'a pas que l'oeil!
ne dis pas que tu ne voudrais n'être que ça...

el chulo a dit…

j'ai voulu dire ça moi?
je parlais de pédophilie (qui m'a toujours beaucoup choqué) pas de prostitution ordinaire.

el chulo a dit…

tiens je pensais avoir envoyé un commentaire à "comme moi?"

Marc Delon a dit…

? ...

pédophilie ? prostitution ?

je parlais des "idées arrêtées et de la morale"

el chulo a dit…

les pédophiles certainement oui, qui s'organisent un voyage annuel et se "font" quelques innocents de 8 à 10 ans, moins si affinités.

Marc Delon a dit…

???????????????????
mais de quoi tu parles...?

Maja Lola a dit…

Je crois que vous n'êtes pas sur les mêmes longueurs d'ondes.
Chulo, le tourisme sexuel à visée pédophile n'a rien à voir avec le post de Marcos. Cuba n'est sûrement pas une destination pour ces sordides horreurs. Ni culturellement, ni politiquement (la répression serait d'ailleurs efficace).
Par contre, la prostitution (femmes ou hommes) existe bien sûr. Comme dans n'importe quel autre pays. Ici elle est peut-être un peu plus visible, plus "décomplexée" (caraïbes calientes ?) ..... Et peut-être un peu plus compréhensible, pour améliorer le quotidien. Ne portons pas de jugement. Seule l'expression désabusée et renfrognée de la jeune fille me laisse croire que ce n'est pas que pour faire exulter le corps, comme le dirait ton Jacques, qu'elle invite les hommes dans son lit. Et je trouve cela bien triste.

Marc Delon a dit…

Mais si, Maja Lola tu n'y es pas du tout, c'était uniquement pour l'exultation de son petit corps : ma beauté est comment dire... si "évidente" que je suis habitué à ce genre de pulsion irrépressible qui soudain précipite vers moi les plus jeunes et magnifiques représentantes de la gent féminine que je dois éconduire à répétition sous peine d'étouffement. Aaaah, c'est dur tu sais cette vie de renoncement permanent... Une agence de voyage Thaïlandaise m'a même contacté pour signer une convention établissant la venue de charters vers Nîmes pour me rencontrer : tu crois que non ? C'est fou hein... après Alain Deloin, marc Pitt maintenant !

Marc Delon a dit…

Chères mesdemoiselles isa et Maja Lola... désirant conserver un peu de tenue à ce blog - tenue seulement trahie par son auteur - j'ai quasi sucré vos commentaires devenus trop personnels à mon goût... ;-)

A plus, et en souhaitant toute votre compréhension affligée de cette censure ;-))

je vous bise.

Anonyme a dit…

Oh putain... sur la photo du milieu... à droite avec les chaussures noires cuirassées... je la reconnais... je les ai léchées plus d'une fois ces chaussures... c'est "Maîtresse Domina"... j'ai séance dans son donjon une fois par semaine (c'est pas donné...) j'vous dis pas la dérouillée que je me prends au fouet... ni où elle enfonce ses talons aiguilles... je me régale...

"Masolibido"