dimanche 14 décembre 2008

Corrida en Famille



Corrida : désordre, tohu-bohu. Suite de difficultés entraînant agitation ou précipitation. Dict.Larrousse.

Déambulant dans les halles de Nîmes au long de l'étal de Carmen ma pourvoyeuse habituelle de bébêtes sous-marines en provenance de la criée du Grau-du-Roi, mon oeil fut attiré par un frétillement inhabituel. Dans une caisse que Carmen -toujours impeccablement tirée à quatre épingles et mise en plis- inclinait vers les quidams, grouillaient une foultitude de crevettes grises. Si la manie de tout comparer peut être utile, la crevette grise serait un peu à la gamba ce que le jol est au poisson : une miniature à gober. Vu l'état de la planète, je considère comme un vrai cadeau ces animaux sauvages goûtus trop rarement présents sur les étals. Tout le monde ne peut arpenter des marchés aussi fantastiques de diversité que celui de la Boqueria de la rambla barcelonnaise.

La suite est évidente : poêlées trois ou quatre minutes dans une bonne huile d'olive (pour les régionaux je recommande le moulin Paradis à Martignargues. Picholine, certes, mais essayez aussi l'huile issue de la négrette) et saupoudrées de persil plat ciselé et d'ail pressé, vous avez dans l'assiette un bonheur simple et rare. Pour les végétaliens malheureusement, l'histoire finit mal : fallait voir comment les crevettes bondissaient hors de la poêle et atterrissaient sur le carrelage pour échapper à la morsure de la cuisson. Ma fille hurlait des "Olé!" à chaque plongeon réussi d'arthropode désespéré susceptible de la thermolyse, car dans toutes les écoles nimoises "Olé" est le mot qui ponctue tout évitement... il en est ainsi et les anti-corridas n'y peuvent rien.

Bruyamment hilare à cause de mes poursuites quadrupédiques de crustacés à récupérer précipitamment sur le sol de la cuisine, elle en profitait pour grimper sur mon dos, me chevauchant comme un picador sa monture. Ce qui prouve bien encore une fois que lorsque le bétail est frais et non afeité, la corrida est plus vivante.

2 commentaires:

Anonyme a dit…

Le seul problème viendrait donc du cheval, qui est sur le retour?
La Niña de la Luna

Anonyme a dit…

Non, je pense que le cheval doit être vigoureux,vif et souple, autant que sa cavalière, et plein d’humour si on remarque bien la définition du Larousse, placée en exergue.
A ce joli bonheur, on participe, très près des personnages pour peu qu’on les connaisse et cela me rappelle une lutte que j’ai livrée un jour contre des crabes échappés de ma cocotte-minute dont ils avaient soulevé le couvercle – non, pas hermétiquement fermé – ; un voisin courageux était venu les "toréer" dans ma cuisine.
Gina