lundi 3 janvier 2011

Bondée.


C’est curieux comme un cul peut émouvoir. Du joli petit cul bronzé et rebondi, pommé, au flasque laiteux des peintres anciens ou celui-ci par son expansionnisme chocolaté et monstrueux, certes pas un cul d’Auschwitz ou de fracturé de la mandibule qui ne se nourrit que de soupes durant trois mois. Un cul énorme, le mot est trop maigre, comme dilaté par l’intromission d’un suppositoire explosif qui aurait précipité pour l’éternité des cristaux de chair inamovible. Quand il asseoit sa remarquable propriétaire, il doit lui conférer une formidable assiette. Indétronable chair. Chaire d’obésité. D’obédience adipeuse. Même Botero n’a jamais poussé la courbe jusqu’à cette apothéose. Détrompez-vous, ce n’est absolument pas rigolard que je vous le présente. Il me fascine et me gêne à la fois, ce cul sumo. Ce qui me gêne c’est le ferment de morbidité qu’il abrite. Obèse à ce point, ça peut faire mourir. Il me fascine, car le corps me fascine, qu’il soit parfait, de rêve, blessé, mutilé, recousu, difforme, retouché, maigre, ou démesurément gros. Concentrez-vous, regardez bien cette photo en son centre… petit à petit vos kilos superflus s’envolent… vous vous sentez légers, vous êtes… mince ! J’aurais aimé voir cette femme se déplacer, constater le transfert des masses, observer la savante mise en jeu déambulatoire, qui n’a l’air de rien pour le commun des mortels mais demande à cet extraordinaire exemplaire vivant, de concilier dans la contrainte de cette surcharge, motricité, équilibre, portance. Vous voyez le morphotype des triathlètes ? Ces crevettes musclées sans poids à transporter : c’est l’optimum du rapport poids-puissance, à l’opposé de cette configuration. Quand se résoudra-t-elle à être curiste pour s’enlever le majuscule ? Ou, tire-t-elle de son a-normalité, de substantiels revenus de modèle, qui motivent sa préfèrence, être une grosse riche ? Attention à ne pas briser le fil de la vie, il faut irriguer la moindre cellule, c’est beaucoup demander au cœur. Suicide lent. Du cœur au cul, des torrents de sang pour des monceaux de chair et des affluents d’idées noires. C’est égal, je me suis souvent demandé comment s’organisait la vie de quelqu’un qui n’arrivait pas à se torcher. A ce stade, tout est combat. Peut-être même le regard que je vous oblige à porter sur le monticule, nourri de ce sexuel French Paradox d’attirance et de répulsion.

11 commentaires:

Anonyme a dit…

euh... une photo prise à ... Cuba ?

Marc Delon a dit…

Non... piquée sur le net.

el chulo a dit…

j'adore les élégantes chaussures!

Anonyme a dit…

j'aime beaucoup... les chaussures !

Maja Lola a dit…

Etonnante ta fascination admirative pour cette adiposité si grossièrement monstrueuse. Tout est dérangeant dans ces masses grasses et huilées perchées sur des talons d'au moins 14 cm !
Question luxiance callipyge je préfère, et de loin, "l'Odalisque brune" de F. Boucher exposée sur LA BREGA. Là c'est de l'Art (et non pas du lard).
En tout cas ça nous décomplexe de nos petits coussinets de confort qui ont spontanément surgi pendant ces fêtes ....
Merci Marcos !

Marc Delon a dit…

c justement parce que ce n'est pas une représentation artistique que cette représentation du réel est fascinante. j'admire la démesure, la sculpture et la posture mais pas la stature... et les chaussures

Maja Lola a dit…

Ah oui ..... d'accord .... la démesure et la posture. Dans ce cas-là ....

el chulo a dit…

ceci dit, l'amas celluliteux sur de fines attaches est bien réel!
dios mio, que de coca colas!

Marc Delon a dit…

je pencherais plutôt pour Haagen Dazs enfin les glaces quoi. Bon allez je vais vous l'enlever, ça vous traumatise...

Anonyme a dit…

Regarde donc plutôt cette jolie photo:
http://www.theatredenimes.com/spect-306-belen_lopez.html
et dépêche toi de réserver si tu ne l'as pas encore fait, car je sens que tu vas regretter de ne pas aller à cette soirée du 18 janvier.Sinon tu as aussi celle du 20:
http://www.theatredenimes.com/spect-308-rafaela_carrasco_vamos_al_tiroteo.html
Mais suis bête tu as sans doute pris l'abonnement pour tout le festival!
isa

Marc Delon a dit…

Magnifique... on entend son coeur sonner comme une cloche quand on l'a regarde : Belen, Belen, Belen...

mais je rappelle que pour la danse, Pastora Galvan est de loin ma préférée : quelle race !

Sinon, non, je n'irais pas cette année... vous n'aurez pas de resena... ils me font trop suer : on ne peut pas photographier ! et comme Cuba m'a aspiré tous les sous... ben, Belen, Belen, Belen...