Aujourd’hui madame V, opulente septuagénaire dont je soigne l’épaule pour une tendinopathie récalcitrante du sus-épineux, arrive avec deux accessoires inhabituels : un soutien-gorge à balconnets noirs brodés d'or qui peine à contenir son 115 D - pas moins - et une canne emboîtable en trois segments dont elle n'a aucun besoin.
Lui désignant cette aide à la marche qu’elle a posée sur la table de massage tout près d’elle, je l’interroge :- C’est pour quoi faire ?
- Me défendre !
- Vous défendre… ?
- Voui… y’a un violeur dans mon immeuble…
- Oh…. Pas possible… ?
- Si ! ma voisine du huitième a été attaquée ! Madame Michel ou un nom comme ça...
- Non… ? Là… ? Dans l’immeuble d’en face… ?!
- Voui… chez moi, là, dans mon immeuble… la dame qui descend tous les matins à six heures donner à manger aux chats pendant que son mari, un homme très pieux, va à la messe… et ben quand elle est remontée, un jeune l’a suivie dans l’ascenseur et … l’a ... attaquée !
Fuse dans ma tête cette idiotie : la mère Michel aurait retrouvé sa chatte… et aussi que l'agresseur, lui, était un homme très pieu... Oui, je sais, c’est indigne, mais c’est comme ça, sans prévenir cette pensée m’a traversé l’esprit. Je n'ai jamais prétendu que j'étais un mec bien, au fait. Faudra bien un jour que j'aille à confesse. Même si la musique du mot est inappropriée en l'occurrence, vous en conviendrez. Je ne sais d’où me viennent ces fulgurances qui m’éloignent du Paradis, jour après jour, un peu plus. Il faut être vraiment cynique pour sourire d'un truc pareil. Ou alors aimer la vie plus que les gens, je ne sais pas. D'autant plus que je serais capable de tuer celui qui violerait quelqu'un que j'aime. En éprouvant un grand soulagement encore. Mais il se trouve que madame V a une façon comique de vivre et de s'exprimer. Ce serait comme du mauvais théâtre, elle appuie sur les syllabes, dramatise la prononciation et joint moult mimiques à la parole : irrésistible.
- Violée ?
- Voui pardi ! Enfin, presque, pas tout à fait… un peu... pensez il a pas eu le temps à la vitesse ou monte l'ascenseur ! Un jeune d’environ vingt-deux ans, dites… un Arabe... on a affiché son robot dans tout le quartier...
- Elle a quel âge cette dame ?
- Soixante-douze ! Mais, elle est comme moi, elle ne les fait pas du tout !
Là, je le reconnais, ça m’a échappé ; songeant à haute voix, j’ai commis une indélicatesse caractérisée :
- Eh bé… soixante-douze ans… faut avoir faim… pour violer une mamie, à six heures du matin, à jeun… dans un ascenseur miteux… sans même un miroir pour offrir un point de vue coquin…
Madame V s’est renfrognée aussitôt, remontant nerveusement le balconnet du sein droit qui luttait mal face à la rebondie pesanteur d’albâtre. Je revois tout à coup la mine terrorisée de la femme que j'ai croisée dans l'escalier d'un autre immeuble, ce matin même alors que je me rendais chez Asuncion y Francisco. Le "bonjour madame !" tonitruant dont je l'ai gratifiée en montant quatre à quatre, bon ok, deux à deux, a interrompu sa descente et l'a plaquée contre la rampe, tétanisée. Quelques marches plus haut, je l'ai entendue libérer une forte expiration.
C’est ce geste de "remontage de balconnet" qui m’a interpellé. Tout à coup, j’ai compris : un prédateur sexuel écumant le quartier, madame V, soucieuse de son image et inconsciemment conditionnée à une attaque imminente, s’était parée de ses plus beaux sous-vêtements comme lorsqu'elle côtoie des personnages bien plus haut perchés qu’elle, sur l’échelle sociale. Quand elle consulte son chirurgien par exemple. Ainsi, en cas de coït furtif entre quatre parois d’inox avec le sauvageon oriental, au moins donnera-t-elle une bonne image. Parce qu’elle est comme ça, madame V, inflexible sur le ''qu’en-dira-t-on''.
Madame V s’est renfrognée aussitôt, remontant nerveusement le balconnet du sein droit qui luttait mal face à la rebondie pesanteur d’albâtre. Je revois tout à coup la mine terrorisée de la femme que j'ai croisée dans l'escalier d'un autre immeuble, ce matin même alors que je me rendais chez Asuncion y Francisco. Le "bonjour madame !" tonitruant dont je l'ai gratifiée en montant quatre à quatre, bon ok, deux à deux, a interrompu sa descente et l'a plaquée contre la rampe, tétanisée. Quelques marches plus haut, je l'ai entendue libérer une forte expiration.
C’est ce geste de "remontage de balconnet" qui m’a interpellé. Tout à coup, j’ai compris : un prédateur sexuel écumant le quartier, madame V, soucieuse de son image et inconsciemment conditionnée à une attaque imminente, s’était parée de ses plus beaux sous-vêtements comme lorsqu'elle côtoie des personnages bien plus haut perchés qu’elle, sur l’échelle sociale. Quand elle consulte son chirurgien par exemple. Ainsi, en cas de coït furtif entre quatre parois d’inox avec le sauvageon oriental, au moins donnera-t-elle une bonne image. Parce qu’elle est comme ça, madame V, inflexible sur le ''qu’en-dira-t-on''.
12 commentaires:
Tu nous ferais rire sur les pires sujets. J'avoue : j'ai ri, mais vraiment ri aux éclats à la lecture de ton texte.... pas très charitable pour la pauvre septuagénaire de ton quartier attaquée dans son intimité et qui a dû passer un mauvais moment !
Car une fois savouré l'humour de ton écrit, il n'en reste pas moins qu'un gamin de 22 ans n'hésite pas à agresser une femme qui pourrait être sa grand'mère ! Je sais bien que l'effet "cougar" est à la mode mais si même les violeurs s'y mettent !!!
Oh ben non, c'est pas bien Maja Lola de rire de ça, j'en réfère immédiatement en haut lieu...
Titre aperçu du Canard Enchaîné ce matin :
Draveil : Tron laisse la mairie en pelotage automatique...
Hoooolà ! Je ne ris pas de ça. Je ris de ton texte, nuance;
En haut lieu ? J'en tremble d'avance ...
A propos, même si tu n'es pas un photographe d'art, le choix de tes sujets laisse à désirer ... Tu nous as servi mieux en termes d'indiens chapeautés au sourire émail diamant ... et si, en plus, il s'égare dans un ascenseur de ton quartier ... brrrr !
Bien le titre du Canard ... parce que lorsque TRON était aux commandes c'était plutôt un "papouillage systématique" !
oui, oui c'est ça, c'est pas bien de rire de ce texte comme c'est pô bien de l'avoir écrit...
et cette photo est extra ! l'indulto est demandé... pour la mère Michel ou le violeur ?
J'ai ri aussi, mais je suis largement plus cynique que toi! Par contre j'ai pensé à Brassens "Qu'on puisse encore me désirer,
Ce serait extraordinaire,
Et, pour tout dire, inespéré !"
P'têt que c'est pour ça qu'elle a mis son petit balconnet, ta cliente!
115D... plus que moi, ça commence à faire!
isa du moun
Ni l'un ni l'autre. Je croyais que l'indulto était pour le beau musclé carré comme une armoire à glace qui avait dû terminer une belle faena parmi les festayres ...
réécoutrez brassens! peut etre un dernier orgasme! ah les fantasmes!
Marc, je crois bien que toutes les marques les font à balconnets, renseignez-vous.
Peut-on demander à un 115 D de se loger dans un petit Dim pour pré-pubère ? Irait-on chausser un grand pied dans un mocassin de fillette ?
Et cette mamie (comme les papis et les DSK) n’a pas vu le temps passer qui, insidieusement a tout recouvert de lard, de laideur et de… dégoùt. Plein d’adulescents et adulescentes en arriveront là.
Cela nous vaut un texte charmant et amusant.
Gina
eh oh ! Ce n'est pas parce que je n'en ai jamais porté que je ne suis pas un expert ! Toutes les marques ont des bonnets mais "à balconnets" c'est une forme spéciale qui met particulièrement en valeur l'arrondi supérieur du sein. Ben tiens... c'est pour ça que je le connais, le balconnet !
je peux même poursuivre sur une étude psychologique relative au balconnet : la désérotisée asexuée qui privilégie le confort, jamais n'en porte ! Oh non ! Par contre la Lolita érotogène qui tient à mettre sa silhouette en valeur ne porte que ça !!! Eh oui...
Ah, c'est vrai que Môssieu est expert en déshabillages (pros, évidemment).
Mettre tout au balcon demande une assurance et une envie de séduire.
J'en connais qui, justement, devant leurs praticiens médicaux ... se changent avant pour ne pas érotiser la séance ... Allez ! Un bon DIM confortable et sans chichis ! Non mais ... sinon après ils se mettent à écrire des délires.
Oui Chulo, on peut réécouter Brassens à l'infini. Mais il y a parfois de petites chansons une peu plus "variétés" qui donnent de jolies choses ...
"Je veux une grande parade
Un défilé de chars
Des serpentins, des fleurs
Du bruit, une fanfare
Je veux une mascarade
Un verre et un cigare
Nous deux, un tango à trois temps
Je veux, encore une fois seulement
Un tour de manège
Des feux de joie avant qu'il neige
Des phares, des lumières
De toi et moi avant l'hiver ....."
Joli, non ?
Pour ce texte, tu coupes... ! La queue bien sûr.
Piputto
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