lundi 28 mars 2016

Triomphal Triomphe de Triomphateurs Triomphants




Le désoeuvrement, l’affirmation météorologique catégorique selon laquelle à cinq heures du soir le soleil brillerait et le désir de mon fils de découvrir Roca Rey ont eu raison de ma flemme à me retrouver sur les tendidos arlésiens. (genre le type qui s’excuserait presque d’être allé voir une corrida…) Pensez, des bious de Daniel Ruiz, c’était pas très bandant, euh tentant. Et ça n’a pas déjoué les prévisions un peu averties.
Ce matin, je suis allé chercher des croissants chez le boulanger qui vend aussi le Midi-Libre et le titre suivant barrait la une :

<< Deux générations de matadors, deux triomphes >>

Ah bon… Déjà, quatorze ans d’écart, ça ne fait pas vraiment une génération… Certes, à quatorze ans, tu peux engendrer, maiiiiiis rappelle-toi lecteur cette époque boutonneuse, tu disséminais plus de spermatozoïdes aux quatre vents que dans de jolis réceptacles tout roses et tièdes qui sentaient bon la vanille, avoue…

Dès le premier toro pour le Juli, un vilain acochinado invalide bon pour le brasero, les craintes se sont confirmées. Le seul piquero de la piste fit un numéro de mime assez éloquent comme tout au long de la course. Je serais maestro, ça me gonflerait un peu de payer un type à ne rien faire, de supporter ses grosses blagues vaseuses, ses mains calleuses d’ouvrier agricole et ses mauvaises manières à longueur de tournée. Le Juli fut pénible et insista lourdement alors que tout le monde espérait le second toro et vite. 

C’est à son premier toro que Roca Rey montra le plus l’étendue de son talent. Le jeune homme pare ses gestes de l’ergonomie qu’il sied d’adopter aux randonneurs de la Cordillère des Andes qui s’attaquent aux sommets entourant sa ville natale de Lima. Il est doux, lent, calme, souvent inspiré, ceci le rendant parfois assez majestueux notamment lors de splendides remates à une main. Si on rajoute le fait qu’il semble être un redoutable estoqueador, court et droit toujours dans la croix et jusqu’à la garde, il est à suivre ! On pourrait le surnommer ‘’El Rey del Cambio’’ tant il abuse des passes au voyage changé. Mais, elles sont beaucoup moins téléphonées que celles d’un Castella et amènent ou terminent des enchaînements originaux rafraîchissants avec des cites donnés croisés par derrière son dos. If you see what i mean. Par contre sur un plan strictement kinésithérapique, je ne donne pas cher de ses cervicales auxquelles il fait subir à peu près une centaine de violents ‘’hachazos’’ de défi par faena, ce dont tout le monde se fout bien sûr au premier rang desquels, vous. Sauf que moi, je vois du chiffre d'affaires foutre le camp, il n'est pas dans mon fichier patientèle... Au fil des faiblards de la course cela devint plus brouillon, confus et arraché.

Le Juli fit du Juli c'est-à-dire quoit’esce ? Du tremendisme non, puisque ce super combattant affronte des faiblards - c'est donc déjà sympa de ne pas nous prendre pour des billes - de l’artistique non plus, puisque il en est à peu près totalement dépourvu, donc il fait du Juli, ce truc à lui, puissant, censé nous persuader de tas de choses obscures grâce au pâle référentiel de la prestigieuse race brave qui faisait autrefois trembler les foules dont chaque individu a maintenant l’impression qu’il pourrait aller s’amuser devant. 

Le bon sens voudrait que règne un minimum d'éthique et de respect pour que ces bestiaux de non-piquées glissent derrière l'arrastre entiers, pavillons intacts pour écouter les sifflets du public qui retentirent devant ces ''triomphes''.

6 commentaires:

Cacalaü a dit…

J'ai le le compte rendu de la Provence, j'ai eu le sentiment de ne pas avoir vu la même course, mais là si.En bref je me suis emmerdé, un toro même pas égratigné par un refilon, mon voisin de tendido en a gueulé 5 fois merde...

Anonyme a dit…

Que ce soit dans la Provence ou dans le Midi-Libre, tu n'y seras jamais embauché !

Marc Delon a dit…

Pour être juste, dans la chronique des pages intérieures du Midi-Libre, la resena était beaucoup moins élogieuse que ce que la une l'annonçait. Rendons à César ce qui est à Massabuau...

Pedroplan a dit…

Bon, o, en retient ceci : Roca Rey est à voir avant d'être trop vu, et El Juli à force d'essorer ses taurillons gagnerait à être vu devant les Pedraza par exemple. Encore que loin d'être les monstres néandertaliens que l'on nous annonçait, ces derniers se contentèrent d'être des toros tout simplement et de faire leur boulot de toros. Ce qui par les temps qui courent n'est pas si mal.

Marc Delon a dit…

On attend ta resena....

Pedroplan a dit…

Ah Marc, c'est que je ne connais pas ton adresse mail...