samedi 5 mai 2012

Vas-y Fathi !


Fathi Derder


Parlementaire suisse, membre du parti libéral radical, journaliste


La France, un pays en burn-out... sans rêves, sans désir, sans espoir
Publication: 21/04/2012 06h00 Huffington Post

Hollande ou Sarkozy? Sarkozy ou Hollande? Qu'importe, le mal est fait: la France est en burn-out. La campagne présidentielle l'a grillée, elle n'a plus de jus: l'un après l'autre, les candidats ont tué toute envie de réussite, toute envie de créer de la richesse, toute envie de créer des emplois. La classe politique française a tué l'esprit d'entreprise. Et avec lui, les chances de résilience d'un pays déprimé.



Le problème? Sur les questions économiques, il y a au moins 9 candidats de gauche. Ou disons: anti-libéraux. Deux candidats de la droite souverainiste, et six candidats franchement de gauche, dont quatre extrémistes. Sans oublier un président-candidat de droite. Très à droite sur les questions de sécurité, mais qui, comme le soulignent "Les Echos" ce lundi, défend une politique économique de gauche. C'est très embêtant. Car la "gauche" française n'a pas de projet de société réaliste. Elle a une vraie culture d'opposition conservatrice, alors même que le pays a besoin de se reconstruire, et se projeter dans l'avenir avec espoir. Bref: entre l'anti-capitalisme primaire des obsédés de l'impôt et les erreurs passées de "l'ex-président-bling-bling-qui-a-un-truc-à-se-faire-pardonner", les idées de campagne se limitent ainsi à une compulsive chasse au riche. Et à la réussite. En oubliant que le problème d'une société en crise, ce n'est pas la richesse, mais... la pauvreté.



Ainsi donc, depuis le début de la campagne, j'ai l'impression de voir naître, outre-Jura, une dictature. Une dictature intellectuelle, castratrice, opposée à tout désir, et à tout rêve. La crise en France a dopé les réactions les plus primaires et les plus revanchardes. Partout, il faut punir, frapper, traquer, taxer. Tous partis confondus. Au lieu de stimuler la créativité, l'innovation, et la production de richesses, on préfère taper.



"Frapper, frapper, frapper", dirait Mélenchon. Mais il n'est, malheureusement, pas le seul. La majorité des candidats en campagne cassent du patron, sous couvert d'une prétendue défense du salarié. En occultant un point crucial, la question de fond: comment ces salariés ont-ils trouvé un emploi? Et comment pourront-ils créer eux-mêmes de nouveaux emplois? Comment donner l'envie au salarié d'aujourd'hui de devenir patron un jour... afin qu'il crée lui aussi des emplois? Comment donner l'envie... "L'envie d'avoir envie", crierait un célèbre exilé fiscal...



On en est loin: le riche patron (qui embauche) est devenu le mal absolu. Le riche à tondre, car forcément un peu malhonnête. La honte: l'homme à ne jamais devenir. Ainsi donc, au lieu de l'encourager, la classe politique française semble combattre toute vélléité de promotion sociale, d'évolution, de création de richesses et de prospérité. Et pour cause: cela voudrait dire défendre le libéralisme - un gros mot pour une majorité de Français. Le libéralisme est pourtant le système le plus juste qui soit, car il ne fige pas les classes. Le libéralisme, mieux que n'importe quel autre mouvement de pensée, permet d'assurer la mobilité sociale. Afin que les démunis d'aujourd'hui puissent devenir les riches de demain. Dans tous les autres systèmes connus, les pauvres sont assurés de rester pauvres. Mais dans le courant de pensée libéral, je peux - tout le monde peut - devenir riche un jour. C'est un système dynamique, ouvert, et qui se gère du bas (la personne) vers le haut (la société).



Le fameux rêve américain, en somme. Comme me le rappelait récemment le professeur Stéphane Garelli, de l'IMD à Lausanne, les grandes fortunes américaines d'aujourd'hui - Mark Zuckerberg, Bill Gates, Warren Buffet, Larry Page ou Sergey Brin - sont des nouveaux noms. Les anciens riches - Rockefeller, Vanderbilt, Morgan, ou Gould - ont disparu. Et c'est tant mieux! Comme le disait Schumpeter, dans une société libérale, la richesse ne doit pas être une classe à part: elle doit être "comme un bon hôtel, toujours plein mais jamais avec les mêmes personnes..." Les mouvements entre classes dans le sens "ascendant" ou "descendant" constituent un des éléments essentiels de la société capitaliste: or, les candidats à la présidentielle veulent faire descendre tout le monde. Et du coup, plus personne ne voudra monter. Dommage.



Cette campagne est donc la consécration de la médiocrité. Toute réussite doit être condamnnée, toute fortune doit être taxée. Alors qu'on devrait entendre précisément l'inverse: pour sortir de la crise, les candidats devraient multiplier les propositions pour l'innovation et la prise de risque.



C'est dramatique pour la France: à force de s'attaquer à la réussite, la classe politique va tuer l'idée même de rêve dans l'inconscient collectif français. On décourage l'étudiant, le chômeur ou le chercheur. On décourage ses enfants: on tue le rêve.



Le mal est profond. Il est économique certes, mais il est surtout culturel: à l'excellence, on préfère la médiocrité. Quel que soit le vainqueur dimanche, la France entre dans une crise profonde, une crise d'identité: celle d'un pays sans rêves. Sans espoir. Et donc, sans avenir.

4 commentaires:

Anonyme a dit…

A retenir "la crise en France a dopé les réactions les plus primaires, les plus revanchardes".

Le mot "riche", bien employé, aura suffi.

Ludovic Pautier a dit…

très drôle. si, si. pour un suisse, c'est plutôt pas mal.Un poil grandiloquent par moment, mais finalement bien vu.ah ! au fait, l'hôtel dont il parle il est grand ? et pour y avoir sa chambre c'est comme pour l'avortement du temps de l'URSS : libre mais 12 mois d'attente ?

ludo
ps :
Marc, tes oranges sont parties ce matin, je répète tes oranges sont parties ce matin.

Marc Delon a dit…

allez c'est bon : 53% pour les 64 milliards d'impôts roses à venir. Pas d'un Bigaradier les oranges, sont trop amères. SVP.

Pedroplan a dit…

Marc, le berger blanc vous attend au Prolé. Je répète : le Berger blanc..