jeudi 26 janvier 2012

La Bisounours Polémik' : pros areu contre antis pouët-pouët.

Le Midi-Libre d’hier ouvre une fois de plus ses colonnes au sempiternel débat, le plus souvent d’une affligeante stupidité. Cette fois-ci c’est le professeur Montagner (ne pas confondre avec le Pr Montagnier) qui s’y colle pour les antis, contrarié par Rufo le pédo-psychiatre, un non-aficionado qui précise que si l’on a peur que le spectacle de la corrida traumatise l’enfance il faut alors aussi protéger de tout spectacle de la nature comme celui d’un lion dévorant une proie vivante, par exemple. Or l’homme vit dans la nature, oui, même s’il habite en ville, et il est assez compliqué on l’avouera, de reprocher à la nature d’être… naturelle, et que ses actes soient le fruit d’une déviance quelconque. C’est peut-être violent et cruel pour certains, mais plus naturel, on ne peut pas et il faut regarder la vie comme elle est. En être incapable ne fait pas automatiquement de tous les autres des barbares. Enfin pas plus que la naturelle part de barbarie dont on est aussi fait.


Ce cautionnement sans arrêt recherché - le chercheur intervient après "sollicitation d'une personne de haut niveau militant au sein de la FLAC" - me rappelle les arguments publicitaires des produits ou appareils qu’on essaye de me vendre pour exercer mon métier : c’est toujours accompagné d’une bafouille d’un ''grand professeur’’ grassement rétribué pour conduire une pseudo étude scientifique cautionnant la valeur du produit, et tentant de nous prendre pour des billes.

Ici, en l’occurrence, par le truchement de l’autorité d’un professeur dont la parole est crédible dans d’autres domaines que celui de la corrida, on tente de faire peur aux parents sur les graves conséquences qu’il y aurait à emmener un enfant voir la course de taureaux. Il est vrai qu’au cours des trois derniers siècles on s’est demandé souvent d’où venaient ces cohortes de jeunes Espagnols sidérés qui tapissaient les couloirs des hôpitaux psychiatriques tels des fantômes… Heureusement qu’aujourd’hui le professeur Montagner apporte enfin la réponse.

La vérité est certainement plus proche d’une prévention de principe car l’on sait que ce qui s’imprime tôt dans le cortex, souvent a du mal à s’en déraciner et que vue tôt, la corrida sera au contraire plutôt banalisée que choquante. Et c’est de cette banalisation-là dont on s’inquiète en feignant de croire à des dommages collatéraux et en brandissant la séquelle traumatique irréversible.

Mais nous autres quinquas pas encore séniles, qui sommes allés à la corrida depuis notre plus tendre enfance – trois ans pour moi – savons bien qu’elle ne nous a jamais traumatisés ni projetés dans l’horreur, mais plutôt au final, questionnée utilement sur notre fragile condition et avant cela a transcendé quelques émotions bien humaines. Et j’entends encore ma fille, barbare traumatisée s'il en est, hurlant au même âge « mata lo ! , mata lo ! » en riant, pour adhérer à l’ambiance autour d’elle ; Oh le vilain conditionnement. Je n’en suis pas fier, mais pas gêné non plus. Inutile de vous préciser qu’elle n’est point depuis, plongée dans une sidération conflictuelle mais vient au contraire commenter gaiement mes photos de corrida sur l’écran du PC. Et je sais bien, pour l’avoir vécu depuis mon psychisme, que la corrida n’a jamais provoqué quoi que ce soit de traumatisant ou de violent et jamais on ne m’a rapporté de cas, que ce soit des patients ou des thérapeutes, où il serait possible d'imputer formellement à quiconque le plus petit début de l'ombre d'un commencement de preuve - je parle comme les politiques - dans quelque affliction ou comportement agressif que ce soit. Pire, si les femmes n’ont jamais insisté sur le fait qu’elles me trouvaient beau – eh oui ben tant pis, hein… comment faire ? – elles m’ont toutes assuré de ma grande sensibilité. Et toc ! Ouais je sais, y’a pas de quoi se vanter, faut bien avoir au moins une qualité. Peut-être supérieure à celle du Pr Montagner qui sait ? Il a des instruments pour mesurer ça ? Si oui, joutons de nos QE…

Certes, cette désinformation entretenue par le quotidien régional ne nous est pas adressée mais est destinée à effrayer les indécis des générations qui arrivent. Qu’ils lisent ici qu’il n’en est rien, même si je ne suis pas professeur éminent comme celui-ci qui n’a d’ailleurs jamais mené la moindre étude ni ne possède de travaux pour étayer ses dires si ce n'est une chtite espagnole qu'il cite et dont les conclusions particulièrement solides résideraient dans la force de cette phrase : "cette étude du département de psychologie de l'université de Madrid tend à montrer que l'attitude des enfants vis à vis de la corrida n'est en général pas favorable". Le genre de phrase "Fouzytou" dont la portée remarquable étend sa vérité péremptoire entre les deux pôles... A ce stade "d'indiscutabilité", que les parents aillent plutôt exercer eux-mêmes leur jugement pour éviter l’escroquerie intellectuelle ''professorale ment'' avancée, paraît nécessaire. Merde, me v'la devenu VRP des empresas... Une conclusion qui a tout d'une conviction partisane et rien d'une conclusion scientifique. Le seul fait probant apporté par Montagner étant qu'on peut être émérite chercheur et piètre découvreur. Quant à sa dernière phrase :

"Quand les décideurs auront plus d'humanisme, ils interdiront la corrida ou en tout cas aux enfants de moins de seize ans", on ne pouvait rêver mieux pour entériner le fait de son ignorance totale de la chose. Car si le propre de la nature humaine n'est pas d'avoir conscience de sa propre fin et donc d'être fasciné par cet art du passage de vie à trépas, je ne sais pas ce qui peut mieux l'interroger...

Quant au titre bien gras de l'article qui hèle le chaland :

"Le spectacle de la corrida trouble beaucoup d'enfants"

J'en propose un autre pour initier un article qui ne serait pas dénué d'intérêt non plus :

"Le spectacle d'une femme nue trouble beaucoup d'hommes"

Nul doute que le professeur Montagner pourrait aussi en tirer d'autres enseignements éloquents sur la nature humaine. A charge et à décharge si l'on peut se permettre.










12 commentaires:

Anonyme a dit…

Le spectacle de Midi Libre trouble beaucoup de citoyens

Tolosa

Pedroplan a dit…

Et bientôt des cellules de soutien psychologique à la sortie des arènes ! A Nîmes, je verrais bien ça à côté du bar, sous la présidence. Drôle d'époque où la fragilité de notre (humaine)condition est devenue tellement intolérable qu'on regarde ailleurs. Et pourtant, ce me semble, on continue à mourir - même si c'est en cachette.

Marc Delon a dit…

C'est vrai ça, on devrait égayer des psy dans les tendidos au sortir de la course pour aider les spectateurs à verbaliser le trauma, bonne idée.

Maja Lola a dit…

Pour verbaliser le trauma quelques comptoirs autour des arènes s'attellent déjà à la tâche ... pas remboursés par la sécu !

Anonyme a dit…

La corrida a même le soutien de l'UNICEF France, associé par exemple à la feria des enfants de Nîmes qui a lieu en même temps que la Feria de Pentecôte. Il s'agit bien " d'éveiller les plus jeunes à nos traditions pour qu'ils les aiment, les défendent et plus tard, les transmettent".
La corrida vue avec les parents qui parlent, commentent et la vivent dans une atmosphère festive est sûrement moins nocive que la fréquence télévisuelle distillée régulièrement sur les écrans. Les parents savent bien si leurs enfants sont "à risque".
Je pense à tous ces adultes qui ont assisté à l'égorgement du cochon et se sont plu à dévorer du lard et des saucisses...
Mais cela explique peut-être l'atrocité des grandes guerres mondiales !
Gina

Pedroplan a dit…

Mais en effet, nous autres tauromaches, nous sommes peut-être des pervers tellement pervers que nous ne savons même pas que nous sommes pervers.

Marc Delon a dit…

Alors vive la perversion de la perversité, pépère !

Pedroplan a dit…

Pépère peut-être, mais pépère vert !

Marc Delon a dit…

Sévère pervers à perpète, oui !

Ludovic Pautier a dit…

dans le même esprit que la reamrque de Gina sur la saucisse et le blitzkrieg :
tout manège à la con a un pompon , non ? Marcela Iacub l'emporte haut la main cette fin de semaine :
http://www.liberation.fr/societe/01012386348-le-cochon-de-la-paix

à propos de la belette, si vous la méconnaissez :
http://www.regards.fr/societe/marcela-iacub-l-avocate-de-dsk

ludo

kastagueulanski a dit…

Les opposants qui brandissent l'argument pas vraiment crédible de la protection de l'enfance n'ont pas de cojones. Dans ce combat, ceux qu'il faut protéger, ce sont les milliers de taureaux tués chaque année au cours d'un combat inégal. Oui, j'ai bien écrit inégal. Puisque vous évoquiez la sacro-sainte nature, je vous suggère de troquer les taureaux contre des lions, les arènes contre des réserves naturelles, et de proposer à vos idoles de combattre à mains nues contre les félins. Vous auriez un spectacle tout à fait digne d'intérêt qui illustrerait à merveille la cruauté de la nature dans toute sa pureté.

Marc Delon a dit…

Kastagueulanski est plus à l'aise sur les pentes de la digression : mieux vaut avoir le souci de protéger les taureaux que les enfants ?
Votre problème c'est qu'il n'y a pas mieux que la corrida pour entretenir d'immenses espaces où élever des toros dont n'est prélevé qu'une part infime.
Quant aux lions, on a essayé avec les gladiateurs, c'est ballot, ils ne chargent pas...