J’étais nu. J’avançais dans un couloir étroit comme un boyau sale dont on ne voyait pas l’issue. Presque sombre, seulement éclairé d’un néon bègue, qui clignait anarchiquement ses watts blafards. Je n’avais pas vraiment envie d’avancer sauf que, tout au bout, la silhouette élancée d’une créature m’attirait irrésistiblement. Un mètre quatre-vingts, cinquante-cinq kilos, des courbes harmonieuses, une queue de cheval guillerette, un sourire doux, la main tendue. Tout le long du couloir, à intervalles réguliers, des renfoncements où se tenaient des internautes près de leur PC. Immobiles, faisant seulement tournoyer dans l’air vicié du boyau, leur souris filaire. Ils avaient souffert apparemment. Les visages tendus de leur rancœur, dénués d’humour, ils attendaient. Je les interrogeais du regard, leur présentais un visage avenant, voulant percer à jour leurs pensées mais ils n’avaient pas envie de communiquer. Je n’entendais que le sifflement aigre des souris à la centrifugation régulière. J’avançais quand même, trop curieux de la vie. Dès que j’en dépassais un, il me frappait violemment de sa souris. Sur ma peau se tatouait alors un mot : ‘’prétentieux’’ ; ‘’sans talent’’ ; ‘’lamentable’’ ; ‘’verbiage diarrhéique’’. Mais là-bas, toujours la vision de cette silhouette qui permettait d’endurer les coups bas. Mais, quand enfin je l’atteignis, elle se volatilisa, disparaissant au grand galop, chevelure au vent de l’allure de son Mustang. Et là, tout s’est enchaîné : j’ai entendu du bruit derrière moi. Me retournant, j’ai reconnu un Bertrand Delanoé tumescent accourant à grandes enjambées tandis que dans un coin de la chambre où j’étais parvenu, DSK œil torve et babine avachie, seulement vêtu d’un imperméable beige au renflement suspect attendait d’évidence une ouverture… D’un quiebro aussi soudain que désespéré je réussis à éviter la charge Delanoesque ; il alla s’escagasser sur le lit où se trouvaient deux autres créatures. On ne les apercevait que de dos mais leur accoutrement permettait de supposer une féminité moins angoissante. Elles se vêtaient de la panoplie glamour la plus aboutie : escarpins, bas de soie, porte-jarretelles, guêpière. Deux petites cornes poussaient sur leur crâne, leurs yeux étaient rouges, leurs canines effilées et elles tentaient de s’entre-dévorer. Je voulus fuir mais tous les internautes s’étaient rassemblés derrière moi, me coupant la retraite. Les deux femmes se retournèrent alors et lorsqu’elles m’aperçurent, mon sort m’apparut clairement. Les internautes ricanèrent quand ils virent dans mon regard horrifié, que j’avais enfin identifié Martine Aubry et Ségolène Royal. Menaçantes, elles vinrent me demander d’uriner dans une grande urne translucide après quoi je devrais passer à la casserole amoureuse de l’une d’entre elles tandis que l’autre me possèderait de sévices vengeurs exprimant la douleur de l’abandon. On distinguait du placard où s’étaient finalement enfermés les deux hommes, des gloussements de grouses écossaises mâtinés de glapissements de fennecs en rut. Heureusement, la vision de Martine Aubry en porte-jarretelles était si horrible que je me réveillai enfin.
Couteau corne d'Albaserrada
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Après diverses visites à *Mirandilla* en famille, *Dominique Daniel*, déjà
fervent aficionado, s'est converti en véritable connaisseur de la
tauromachi...
Il y a 4 jours
2 commentaires:
wouaou!!!!MERCI!
c'est un bon allez retour pour hier!
quel Don pour l'ecriture!
votre reve a bien commencé on dirait......
avez vous VUE ses yeux?
avez vous touchez sa main?
MERCI
Marc,
Les socialos ont été un réve, sont un cauchemar et une triste realite.pour le reste mefies toi ,les anglophobes sevissent dans le milieu taurin et peut etre a court terme la langue de cervantes sera aussi prohibée.
Triste journée
Julie LAROUSSE
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