samedi 8 novembre 2008

UN GESTE TORERO

Un geste torero peut n’être qu’un geste fugace, une trinchera par exemple, décochée d’une inspiration instantanée pour se déjouer avec morgue de l’agressivité d’une charge. Finalement assez peu de toreros savent nous en gratifier avec la profondeur et la pureté du toreo classique. Un geste torero, ce peut être un défi que l’on se fixe, mettant publiquement en jeu un savoir faire, une réputation, pour prouver sa valeur supposée que le milieu semble ignorer ou encore pour river le clou de sa suprématie. Antonio Bienvenida un jour de 1960 avait combattu et tué douze toros. Aux opposés de l’escalafon, El Juli et Gilles Marsal. El Juli avait pris à Madrid six toros d’élevages réputés sérieux pour prouver encore que s’ils ne constituaient pas ses adversaires d’habitude, il pouvait aussi en tordre avec art devant le plus exigeant des publics. Les figuras devraient chercher plus souvent à nous en convaincre. Il y a quelques décennies encore, être figura ne supposait pas que l’on vous présentât devant du bétail ‘’de garantie’’ mais très régulièrement et logiquement puisque vous étiez doué, devant des bestiaux de caste que la supériorité technique et artistique permettait de dominer. Assez logiquement il n'était jamais venu à l'esprit d'aucun organisateur de boxe d'opposer Mike Tyson à Stéphane Berne sur un ring . Je ne sache pas que le Joselito des années quatre vingt-dix ait tué quarante-trois corridas de Miuras comme son illustre ancêtre homonyme. C’est peut-être ici que la dévaluation se fait le plus sentir : à cette époque on prenait les toros, en torero, la notion de geste n’existait guère. On assumait la difficulté de l’ordinaire. Il est vrai que, vous allez rire, de ridicules, naïves et démodées motivations telles que honneur, gloire et virilité présidaient à un art qui en préfère désormais d’autres, artifices, médiatisation, bénéfices. De nos jours, un maestro ne se crédibilise qu’en faisant sienne une maxime admise par tous : l’exception fait la règle. Le geste, l’exception donc, n’apparaît de loin en loin que pour opérer une sorte de renflouage auprès de la conscience collective, du statut originel : tueur de toros de combat. Contentons nous-en aujourd’hui et saluons-les, si rares soient-ils, au risque de juger extraordinaire ce qui devrait être banal. Il était une fois Gilles Marsal, qui se démenant avec quelques amis, avait organisé son seul contre sept, prenant les risques physiques et financiers, louant une arène, recrutant des areneros bénévoles, tenant la buvette, etc pour tenter de démontrer par cet exploit, qu’il était là et pouvait selon lui tenir une place que personne ne voulait lui confier. Sébastien Castella s'est annoncé un jour à Bilbao devant les Victorinos. Les exemples ne manquent pas. Mais un geste torero peut aussi se concevoir dans le renoncement. Se retirer si la motivation manque, quitte à perdre une trentaine de contrats, est très sain : place à ceux dont l’envie est réelle en attendant que le désir ressurgisse. Plus remarquable encore, ce geste empreint de conscience et d’humilité, de pundonor et de verguenza dirait le revistero, de ce jeune novillero qui se rend à l’évidence de ses lacunes sous la réprobation madrilène, et se coupe soudain la coleta sur le champ, transformant la bronca qui sourdait en ovation unanime ! Peut-être philosophiquement, le plus torero de tous les gestes : quand l’abandon du statut en confère l’aura. A Madrid-la-critique où n’est pas ovationné qui veut, un geste torero, c’est valeureux et apprécié. Qu’il s’agisse de combattre ou de se rendre. Madrid, sans aucune bienveillance pour les vedettes, a toujours su voir et gratifier l'engagement ou la clairvoyance des humbles.

2 commentaires:

Anonyme a dit…

Desole Marc mais le geste torero de la journée est attribue à l'OCT
pour homicide involontaire.
Pour ton blog con tu permiso on en parle.
saludo companero
bruno

Marc Delon a dit…

Peut-être confonds-tu les "marc" bruno ? Je ne suis pas celui qui a commenté la mort de l'Anda sur Cyr.