vendredi 7 novembre 2008

LA CUADRILLA DEL ARTE IV


LA LECON DE MANOLO




Après nos tentatives risibles, Manolo est sorti du burladero. Et là, est tout de suite passée dans l'air l'évidente confirmation qu'entre un andalou pur sucre et nous, il y avait autant ''d'écart duendique'' qu'entre la braise du regard de Tomatito et la niaiserie du sourire d'André Verchuren, autant d'écart qu' entre un petit bonhomme en mousse à la Sébastien et un torero, entre un clown et un grand homme, entre un... bon... ok... ok... Nous avons constaté tout ce qui nous avait manqué : sérenité, placement, technique, structure, logique, tout, en somme. On était sacrément prétentieux d'arriver là, comme des fleurs, fanées en plus, sans aucun entrainement pour réaliser ce qu'il y a de plus difficile au monde. Prétentieux ou inconscients... Le plus malin d'entre nous avait un peu triché, il avait contacté une vieille connaissance du nom de Stéphane Fernandez Meca et lui avait demandé un cours particulier afin d'acquérir rapidement quelques bases. Il nous l'a avoué sinon nous ne l'aurions jamais su tant les bénéfices de son cours particulier, ne nous étaient pas apparus. Lui qui croyait apprendre un cocktail de passes pimpantes capables d'abaisser les maxillaires inférieurs de spectateurs admiratifs s'est vu cadrer d'emblée par le torero :
- Tu sais courir ?
- Ben, évidemment...
- Non, non... je te demande si tu sais courir dans une arène, à toutes pompes et à reculons ?
- Euh... mais pourquoi faire... ?
- Ah parce que toi, tu crois qu'on peut leur tourner le dos ?

Et cet après-midi-là, deux heures durant, il apprit à courir, mais à courir vraiment, en battant des records après moultes chutes. A petits pas chassés rapides, à grandes enjambées rectilignes, curvilignes, contre-pieds, feintes et pivots. Exténué, il fut, après ce traitement de faveur. Le torero lui lâcha alors un laconique :
- Bon tu ne sais toujours pas faire la moindre passe mais au moins tu ne prendras pas de cornada dans le dos, c'est déjà ça !
Enfin, parole de torero n'est pas toujours parole d'évangile hein, si on retourne se référer au reportage (la cuadrilla del arte III) on voit bien avec quelle désinvolture son élève essaye d'incarner le hiératisme vertical... Toutefois et charitablement, on n'insistera pas (trop...) vu que sur ce plan-là, nos prestations ont été assez égales. On l'a mangé le sable de la placita ! Et Manolo a bien ri, ah ça oui... il nous a expliqué pourquoi on avait récolté des coups - des coups dont on était si fiers que le lendemain on s'en photographiait les ecchymoses à coups de téléphone portable : des gamins je vous dis - et à l'entendre et il n'y a aucune raison objective de refuser ses explications car nous avons strictement inversé les bons principes :
- Movimiento la muleta y quietas las piernas ! (espagnol non garanti...)
.. Fut le conseil du jour et la peur, eh bien oui, on peut redouter ce petit truc noir tout bébé ou presque, quand c'est la première fois... et la peur donc, agitait les guibolles de tremblante et tétanisait le drap rouge.



3 commentaires:

Anonyme a dit…

Au premier plan de la photo de droite en bas, observons l'incurie manifeste d'un "apprenti-torero" s'apprêtant à se mettre le doigt dans le nez alors que Manolo lui prodigue de judicieux conseils...

Anonyme a dit…

Les aventures ne sont pas terminées, j'espère la suite, le retour et la réception des familles.
Pour l'instant, le choix des photos superbes, éloquentes, accompagnant l'humour et le réalisme des textes, est particulièrement divertissant;
On y prend goût;

Gina

Marc Delon a dit…

Ce qu'il y a de bien avec Gina c'est que tout ce que je produis est parfait... (et encore ne publie-je pas tout ses commentaires sinon ça virerait à la brosse à reluire permanente...)
Alors je pose la question : serait-ce une femme virtuelle ?