jeudi 22 janvier 2009

NIMES FLAMENCO FESTIVAL : L'INTROVERTI ET LA PASSIONARIA

Cette troisième soirée du festival a réuni deux personnalités aux caractères très distincts. Le froid et distancié Alfredo Lagos et la chaleureuse et charnelle Alicia Gil, sévillane grand teint. Une bonne programmation que ce contraste du feu et de la glace.

Alfredo Lagos

Mon bilan photographique parle de lui-même : sur la centaine de photos prises, quatre-vingt-dix pour Alicia et à peine dix pour Alfredo qui n'attire pas autant le photographe hétérosexuel de base. Mais c'est surtout par son incapacité à "transmettre" qu'il ne se rend pas désirable. Après Diego Carrasco qui nous avait montré la veille ce qu'était un flamenco, Lagos qui est peut-être flamenco dans l'âme, est resté cadenassé.
Dans son introduction, sur France-Musique qui diffusait le concert en direct, la commentatrice insistait sur une des sources étymologiques de "flamenco" qui lui paraissait la plus représentative : la flamboyance. Bonne pioche si l'on voulait illustrer cette racine par son contraire, car Alfredo Lagos est tout sauf flamboyant ! Avec son air de Grand d'Espagne souffreteux, le barbu introverti restera toute la soirée dans son monde d'accompagnateur qui d'ordinaire, n'a pas affaire directement au public. Enfermé dans sa bulle, l'homme n'écoute que sa guitare et salue d'un air compassé ce public qui le gêne. (voir photos...) Son monde n'est pas là, il ne s'adresse pas à lui. Un remarquable interprète, c'est une cause entendue, et comme le titre Midi-Libre, Un Jeu capable d'évoquer "La Dentelle de Lagos". Toutefois, plutôt qu'à l'étalage métrique d'un comptoir de mercerie, j'ai toujours préféré entrevoir un détail émouvant de dentelle sur une chair palpitante. Un parallèle s'impose d'évidence à moi : Lagos est à la guitare ce qu'Enrique Ponce est à la tauromachie : un surdoué incapable de vous remuer les tripes. Enfin les miennes, par le luxe de ce blog dévoué à mon entière subjectivité. Car comme Ponce, récital donné, Lagos est parti sous l'ovation triomphale. Soit. On ne peut pas être aimé de tous. C'est sûrement ce qu'il faudrait avoir la sagesse de se dire lorsque la douceur d'une brune aux yeux verts s'empare gentiment de vous à l'entracte.


Alicia Gil

Il faut l'évacuer dès la première phrase, Alicia Gil est... belle. Belle et très surveillée par son guitariste de mari. Eh non, on ne peut même pas fantasmer tranquille cinq minutes. Marquage serré. Si belle, qu'elle le reste alors que l'effort du chant la contraint. Mais cela suffit-il ? Cela est-il de nature à troubler mon jugement ? Non...enfin si...peut-être...sûrement...c'est vous qui le dites... Enfin on va bien voir. Mais après Alfredo, vous comprendrez que j'étais ravi... Bon allez, j'arrête avec ce pauvre Alfredo vraisemblablement un très grand guitariste...(qui ne "transmet" pas... Bon, Ok, je sors...)
Comment ne pas sombrer dans les lieux communs sévillans avec Alicia : l'âme, la chair, le sang, la braise et autres notions réjouissantes et muy caliente ? Pourtant, dans la première seconde de son chant, il ne m'est pas apparu que le grain de sa voix soit à la hauteur de mes espérances et de son physique . Mais Alicia monte en température au fil de sa prestation (et nous donc !), montre tout son engagement et sa sincérité, ce qui vous gagne très sûrement. Encore est-elle très sobre et concentrée sur son phrasé. Il lui serait pourtant facile, flamboyante comme elle est, d'incendier la salle de quelques ondulations de hanches. Chaque fois qu'elle s'est levée pour en esquisser une évocation timide (je vous rappelle la présence du guitariste...) un run-run immédiat de la foule se faisait entendre, digne des plus grandes faenas de las Ventas. Loin d'en abuser, il semble au contraire qu'elle n'ait pas voulu parasiter l'authenticité de son chant par les remous qu'aurait provoqués son avantageuse silhouette. Peu importe, plus elle chantait plus nous étions heureux. Grand succès du passage à Nimes d'Alicia Gil. Si on clique sur la bouche d'Alicia, elle s'agrandit !







































1 commentaire:

Anonyme a dit…

pour ceux qui n'étaient pas au concert et qui voudraient connaitre la voix de cette créature flamboyante voici un lien pour avoir le son en regardant les magnifiques photos de Marc
http://profile.myspace.com/index.cfm?fuseaction=user.viewProfile&friendID=294118443
isa