samedi 31 janvier 2009

FESTIVAL DE LA BIOGRAPHIE


A 18H se tenait à Carré d'Art une conférence sur la tauromachie. Aux questions, Daniel-Jean Valade, adjoint à la culture. Aux réponses, Yves Charnet, Alain Montcouquiol et Jacques Durand. Beaucoup de monde, beaucoup de bruit et selon sa place et son humeur, soit un brouhaha à décourager l'oreille soit un sympathique bouillon de culture. Mal luné, c'est la première alternative qui prévalut pour moi. Voici donc les quelques bribes retenues.


Charnet qui publie "Lettres à Juan Bauptista" a dit à la blonde du deuxième rang qu'elle était vraiment très jolie et que depuis qu'il avait découvert la tauromachie il s'essayait à vivre sa vie "en torero". Il a estimé que si la tauromachie lui avait plu c'est que c'était de l'art et il disait donc aux anti : allez-y, ne vous gênez pas, supprimez l'art tant que vous y êtes ! (sous entendu : bande de cons ! )


Jacques Durand a expliqué que José Tomas avait tué la resena, qu'on ne pouvait pas vraiment avoir les mots pour décrire ses actuacions. Que ce qui s'en rapprocherait le plus serait peut-être de dire comme Corrochano (je crois...) dans le titre d'une resena célèbre, après s'être aperçu que sa montre et celle de son voisin s'étaient arrêtées :


" Manolete, est-ce que ton coeur s'arrête aussi quand tu torées ?"


(à part que je ne suis pas sûr qu'il se soit agi de Manolete non plus... : compilateurs encyclopédistes venez à la correction svp...)


Enfin, et quel que soit le talent de ses compères d'estrade, quand Montcouquiol parle, tout prend une autre dimension. Le silence se fait pour écouter son chant profond et quand Valade lui demande quel rapport peut avoir la tauromachie avec l'humanité, il répond quelque chose comme ça :


La seule certitude que nous avons, c'est celle de notre propre fin. Sans en devenir maladivement inquiet, si l'on peut utiliser ce laps de temps du berceau à la tombe pour comprendre à travers la corrida comment partir... ce qui va m'arriver bientôt puisque je suis entré dans mon troisième tiers... oui, comment partir avec une certaine élégance, ce serait une utilisation assez intelligente de la tauromachie.


L'auditoire explose en applaudissements, les muscles horripilateurs de la peau se contractent et tout le monde se lève, conférence estoquée. L'écrivain-torero à l'accoutrement lumineux ad'hoc se fout bien désormais de savoir si la blonde du deuxième rang a capté ou non le message subliminal qui lui permettrait de ne pas s'emmerder dans sa chambre d'hôtel, et note frénétiquement dans son carnet la phrase magique qu'il ressortira vraisemblablement un jour - guettez-la dans son oeuvre- tout en essayant d'applaudir... Montcouquiol lui, se lève avec la planta. Le moindre de ses gestes a une lenteur retenue qui inspire le toreo. C'est pour moi l'occasion de lui parler de sa lettre, reçue la veille, dans laquelle il m'encourage d'ailleurs à provoquer notre rencontre. Mais quand il passe à ma hauteur sans me voir, je n'ose pas interrompre le sens de sa marche.

2 commentaires:

Anonyme a dit…

Vous ne nous rapportez que les détails vivants et frappants ; si vous étiez « mal luné », tant mieux. Sur la photo on voit et on entend le brouhaha avec ces auditeurs qui se tordent corps et cous pour focaliser leur attention sur le speaker en rouge . On se retrouve avec une belle collection de crânes luisants ou dorés. Et on sait que le poids des mots de Montcouquiol va apporter le silence que votre humeur attendait.
Mais ce qui se passait à l’étage au-dessus, vous n’en avez pas parlé. Dommage : il fallait tourner dans le sens des aiguilles sinon, c’était collision assurée, coups d’œil en pointillés, envie d’acheter, des visages à poser sur des noms d’écrivains. Mais voilà ce que c’est l’aficion, une idée en tête, pas deux, un étage, pas deux…
Gina

emma a dit…

j'aime beaucoup tes dernieres phrases.....